Ce samedi 17 janvier 2009 à 18h, sur la Place d’armes de Douai, un cercle silencieux de personnes se met en place.
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À 19 h il y aura eu plus de 60 participants. Quelques personnes distribuent des papiers d’information et donnent des explications, des affiches aussi présentent cette action. Il y a du monde qui passe, ce sont les soldes. Les enfants questionnent: Maman, qu’est-ce que c’est? Pourquoi ils se taisent?; très peu de passants traversent le cercle; Papa, c’est quoi un sans-papier? C’est quelqu’un comme nous.; un jeune provocateur: ça ne sert à rien, pour être entendu il faut faire une émeute; un groupe de jeunes: c’est une manifestation pas fatigante |
Mais pourquoi ces soixante personnes se sont données rendez-vous pour une heure de manifestation silencieuse, en cercle, alors qu’il fait froid? Et qui sont-ils? Ces questions ont souvent été posées.
En haut des affiches:
CERCLE DE SILENCE.La dignité de chaque personne humaine ne se discute pas, elle se respecte.
Notre silence le crie et continuera de le crier jusqu’aux changements indispensables.
Si nous sommes présents, c’est parce-que nous nous sommes laissés toucher par l’onde des cercles de silence initiés en octobre 2007 par les frères franciscains de Toulouse. La situation des étrangers en situation irrégulière, sans papier, ne fait qu’empirer. Les cercles de silence tentent, avec persévérance, d’éveiller et réveiller des consciences sur des évènements qui détruisent ce qu’il y a de plus précieux dans l’être humain : son humanité. Destruction de l’humanité de ces étrangers, victimes évidentes, et destruction de l’humanité à l’intérieur de ceux qui acceptent d’être injustes ou méprisants, et aussi destruction de l’humanité de ceux qui acceptent d’être indifférents. Il ne s’agit pas d’obtenir des résultats rapides et mesurables, l’objectif est un changement durable d’attitude à l’égard des étrangers. Nous espérons apporter notre petite pierre à un débat national qui a besoin de se faire. Les cercles de silence invitent nos concitoyens à prendre le temps d’écouter en eux-mêmes les exigences de leur conscience par delà les peurs. Les problèmes en causes sont mondiaux et complexes …il ne s’agit pas de prétendre avoir la solution. Mais aujourd’hui il doit être possible d’aller plus loin ensemble, et le chemin passe par le respect de la dignité de toute personne humaine.
Ceux qui sont là ce soir sont réunis par le silence et l’écoute de leur humanité commune, qu’ils soient incroyants, athées ou animés par une foi en Dieu. Au delà des situations politiques, économiques, d’âge, de santé…
Le silence permet à tous, engagés ou non dans des associations ou mouvement sociaux de faire un pas, de se laisser questionner Que vivent ces personnes à ma porte ? Quelle est ma propre responsabilité ? Puis-je laisser faire cela ? Par notre silence criant, nous témoignons du silence imposé à ces personnes, elles sont comme bâillonnées et ne peuvent rien dire.
Il y a maintenant plus de 100 villes en France où se constituent une fois par mois des cercles de silence.
Il faut peut-être aussi dire que le choix du jour du 17 janvier n’est pas dû au hasard. En équipe d’animation de la paroisse de St Laurent en Ostrevent, nous avons reçus les documents présentant le 18 janvier, journée mondiale du migrant et du réfugié, envoyés à toutes les paroisses par le service diocésain de la pastorale des migrants.
Un prêtre “voyageur”, un peu comme Paul l’était entre différentes communautés d’église, nous avait informé des cercles de silence constitués récemment à Maubeuge puis Valenciennes. Nous avons fait le lien, et nous avons proposé d’en initier un ce samedi sur Douai, pour que dans le douaisis l’écho de cette prise de conscience nécessaire de l’humanité bafouée des personnes migrantes sorte de nos églises.
Nous avons donc oser faire ce pas. Un premier cercle de silence avait eu lieu à Douai en novembre 2008, réunissant une dizaine de personnes. Le nombre réuni ce samedi de janvier, plus de soixante personnes venues du douaisis, est un encouragement à continuer. Les frères franciscains de Toulouse, interrogés par combien de temps allez vous faire cela? répondent: autant de temps qu’il y aura un sens à continuer.
Nous avons pris rendez-vous pour un nouveau cercle de silence ouvert à tous, au même endroit, le 3ème samedi de février (le 21 février) à 18h.
Vincent, de l’équipe d’animation de la paroisse de St Laurent en Ostrevent.